Le Monde des livres
Entretien Zoyâ Pirzâd : "Les mots dépendent des personnages" (extraits)
Quand on l’interroge sur la pureté de ses textes qui ne s’encombrent jamais d’un mot de trop, elle avoue : "Je suis sans pitié." Tout ce qui n’est pas indispensable, elle le coupe. Parfois, elle reconnaît que c’est un crève-coeur. "Il m’est arrivé de me priver de chapitres entiers que j’adorais, où tout était parfait." Elle se justifie par une certitude enfantine, sa seule mission : ne jamais ennuyer le lecteur. "L’écrivain n’est rien d’autre qu’un lecteur. Lire et écrire, cela revient au même." Voilà pourquoi écrire, c’est d’abord relire.
Patiente, Zoyâ Pirzâd explique : "Mon premier jet est très rapide. Je ne m’attarde pas, je vais jusqu’au bout de l’intrigue. Ensuite seulement, je relis. Je trace des cercles de plus en plus petits jusqu’au coeur de chaque paragraphe, de chaque phrase". Son romanOn s’y fera (Zulma, 2007) a ainsi nécessité quatorze relectures successives. Quatorze versions. D’un geste, elle remercie la providence de l’avoir fait naître à l’âge du traitement de texte. Elle coupe, elle colle, elle déplace. "Au moins, les nouvelles sont un peu plus simples à écrire. Elles sont plus spontanées." Avec malice, elle ajoute : "Elles sont plus courtes."
Propos recueillis par Nils C. Ahl
Article paru dans l’édition du 19.06.09.
Autres petites phrases
"Les bonnes intrigues sont ainsi : on lit sans vraiment se rendre compte de tous les petits détails, de toutes les intentions de la narration."
"Parfois, j’écris sans m’arrêter, jusqu’à m’effondrer. Je m’y remets au réveil, même s’il est 4 heures du matin."
"Les mots dépendent des personnages, du lieu de l’intrigue. Rien de plus."
"La faculté d’écrire n’a rien à voir avec l’écriture. En fait, être un écrivain, c’est voir les choses différemment. Les voir tout court. Ne pas juste se contenter de regarder par la fenêtre."