01/12/2008

Variations au féminin

L'ÉCRITURE COMME ELLE VIENT




Extrait d'une interview de l'auteur américain Jason Eric Miller




H.A. : Comment vous, l’écrivain, êtes parvenu à vous mettre dans la peau d’une femme et d’une meurtrière ?


J.E.M. : Les femmes me fascinent bien plus que les hommes et j’essaie d’appréhender en profondeur la psychologie des femmes que je connais, comment elles me voient, voient les hommes, leurs relations aux hommes. J’essaie surtout de comprendre comment le monde d’aujourd’hui leur parle, parle d’elles, les influence. Lorsque j’enseigne l‘écriture, j’insiste sur le personnage : ses compétence, ses qualités, ses actes, ses gestes. Je relie beaucoup ça à la méthode Stanislavski (« La formation de l’acteur », ndlr). Dans chaque personnage il y a une myriade de variations, qui décrivent tout ce qui compose précisément un individu, comment il a avancé dans la vie, nous et donnent des informations sur la construction et la crédibilité de notre personnage. C’est par ces variations, ces stades, que le lecteur découvre qui est ma narratrice [1] : meurtre de son amant, mort de son fils auparavant, mort des grands-parents, son corps, etc. Un personnage correctement construit n’est jamais extérieur à l’auteur. Il en est une version plus « nourrie ».


Propos recueillis par Hubert Artus pour Rue 89 le 11/09/2008.


03/11/2008

Ken Follett, le Gallois

L'ÉCRITURE COMME ELLE VIENT
Je ne me prends pas pour Dickens




Ken Follett boit une gorgée d’eau minérale avant d’expliquer sa méthode de travail.


« D’abord, je réalise un plan très détaillé, un résumé d’une cinquantaine de pages, avec la présentation de tous les personnages. Cela me prend une année. Durant cette période, je me documente. J’ai travaillé avec trois historiens pour mon dernier ouvrage. Puis je fais lire à mon agent, Al Zuckerman, à ma femme, Barbara, et à mes enfants ce résumé que je modifie autant qu’il le faut. Puis je consacre une année à rédiger un premier jet, et encore douze autres mois pour peaufiner l’ensemble. Les changements ne sont pas forcément très importants, il s’agit de rendre le récit plus cohérent, plus logique et plus touchant. J’affine au maximum les personnages, je les rends un peu plus complexes. Je précise que s’il s’agit d’un livre de 400 pages seulement, la rédaction ne me prend qu’une année. »




Extrait de l’article Les cathédrales de papier de Mr Follett de Blaise de Chabalier dans Le Figaro du 09/10/2008.